LES MONET-GOYON |
En 1916,
pendant la première guerre mondiale, Joseph MONET (Ingénieur)
et Adrien GOYON (riche héritier d'une famille de MACON) s'associent
pour commencer à fabriquer des engins sans moteur dans le but de rendre la mobilité
aux nombreux mutilés victimes de la guerre de 14-18. Le 02 avril
1917, la firme maçonnaise MONET & GOYON est créée et se spécialise dans les
véhicules pour malades, blessés et mutilés : le Vélocimane.
Le
premier moteur fabriqué en 1919 vise un objectif essentiel : le faible cout. Il
s'agit d'une "roue motrice" de 117cc, adaptable sur tous vélos et
fabriqué sous licence anglaise "Autowheel" ou "Auto-roue". Ce
même moteur équipera par la suite "l'Automouche", tricycle
déphasé par rapport aux habitudes motocyclistes de l'époque (mais permettant
sans doute, toujours, une utilisation par les premiers clients de la marque),
puis ensuite utilisé sur le "Vélauto" : il est commercialisé de 1919 à 1925 et est annoncé comme
"l'automobile à une place". Son cadre est ouvert et habillé de deux
marchepieds, son moteur qui entraine la roue arrière est enfermé dans le
capotage qui supporte un fauteuil en vannerie avec coussin ; ses deux
grandes roues lui donnent une certaine stabilité. C est le premier scooter de
l'histoire !!! qui est même doté d'une suspension arrière !!! En
1922, MONET & GOYON obtiennent la licence pour la fabrication d un moteur
deux temps VILLIERS de 270cc qui remplacera avantageusement le précédent et qui
équipera aussi bien la production existante (Vélauto, Automouche) que des motos
plus traditionnelles De
manière assez inattendue par rapport à la philosophie générale de la société,
MONET & GOYON sort en 1924 un modèle sportif, la "ZS" à moteur
VILLIERS à double échappement, d'une cylindrée ramenée à 175cc pour seulement
50 kg. Dès 1925, celle-ci reçoit le VILLIERS spécial dit "Brooklands
T.T." facile à gonfler équipé de pots de détentes surnommés en France
"haricot ", en raison de leur forme. Le "monstre"
rouge vif va connaitre une carrière éblouissante avec quatre titres de Champion
de France de vitesse (1924, 25, 26, 27), 3 Grand Prix de France (1927, 28, 29),
4 Grand Prix de l'U.M.F. (1924, 25, 27, 29), 4 victoires au Mont Ventoux (1924,
25, 28, 29) et 20 records du Monde en 1924, 25 et 29. Les pilotes maison qui
chevauchèrent la bête furent Louis JANIN, Albert SOURDOT, HOMMAIRE,
GAUSSORGUES ... sans compter tous les amateurs qui s'offrirent ce bijou. En
1925, Apparition des premiers quatre temps utilisant des moteurs MAG (suisses) construits sous licence.
Ce sont des 350cc semi-culbutées type "MC" ou culbutés type "MCS" avec une transmission finale par courroie. En 1926, Joseph MONET s'éteint; il meurt de la tuberculose.
c'est Marcel MONET (son frère) qui le remplace tant bien que mal. Vers
1927, la production se diversifie avec le montage de l'évolution des moteurs 350cc quatre temps de marque
MAG (tiges de culbuteurs encloses). En
1928, la fédération française croit bon de limiter l'accession au championnat
de France à des motos de fabrication 100% française, alors que MONET &
GOYON ne monte que des moteurs VILLIERS anglais et MAG suisse. En
1929, Disparition des motos à courroie et naissance des parties cycles dites à réservoir en selle. En 1930 La
firme rachète alors une marque lyonnaise en difficulté (créée en 1912) : KOEHLER-ESCOFFIER
qui fabrique des machines de course. Ce rachat permet à MONET &
GOYON de maintenir son service course en s'attachant les services de Raymond
GUIGUET, assisté par Marcel CHATEAU, et ses fameux monocylindres à A.C.T. qui
glaneront encore de nombreux lauriers. De plus MONET & GOYON réussit à
convaincre Clément-Bayard d'acquérir la licence anglaise des boites de vitesses
STURMEY-ARCHER qui seront produites à Charleville-Mézierres sous la marque
"La Macérienne". Ainsi les MONET & GOYON deviennent "Made in
France". Par ailleurs, la production des
deux marques aura tendance à s'uniformiser La
"ZS", elle sera alors homologuée en catégorie tourisme ou elle
continuera à dominer son sujet jusqu'en 1939. On trouvera aussi en catégorie
250cc et 350cc, indifféremment des MONET & GOYON ou KOEHLER-ESCOFFIER,
équipées de moteurs RUDGE PYTHON à 4 soupapes radiales carters magnésium ou
non, et des RUDGE 4 soupapes. Les pilotes de cette époque pour les deux marques
sont : Charles BARTHELEMY, BOURQUIN, CHATEAU, DURAND, JARROT, LIAUTAUD,
Georges MONNERET et un certain Benjamin SAVOYE, futur Champion de France de
vitesse. Création du "Trimonet" par M. Bert (Agent Monet-Goyon à Romans) construit j'usqu'en 1940 En
1931, Création d'une 350cc latérale à bloc moteur type "MG35". En
1932, Apparition des Bicyclettes à Moteur Auxilliaire (B.M.A.) de part la nouvelle loi rentrée en vigueur. Monet-goyon créé un moteur de 98cc performant. En
1934, Apparition de la génération des moteurs type "L" avec la 350cc avec boite de vitesses séparées. Les moteurs 250cc et 500cc latérals et culbutés viennent
compléter la gamme de la série "L" accompagné de beaucoup de versions. En
1935, Fabrication par Monet-Goyon pour l'armée française des modèles 350cc type "L4A" et 500cc type "L5A1" et "L5A2". En
1937, Apparition une suspension arrière, type "Champion de France" sur
les 350cc et 500cc. En 1938, Marcel MONET s'éteint à son tour.
Il laisse seul Adrien GOYON à la tête de la société MONET & GOYON. En 1940, Adrien GOYON, alors âgé de 82 ans, préfère laisser sa place de Directeur Général de la société Monet-Goyon. L'APRES-GUERRE
CHEZ MONET & GOYON : A
la libération, le constructeur maçonnais est l'un des mieux placé parmi les
grands pour une renaissance rapide : Mais
tous ces atouts sont consumés par une situation désastreuse sur le plan humain.
En 1946, Adrien GOYON (PDG à 88 ans) n'a plus de véritable patron à la
technique à ses cotés depuis le décès de Raymond GUIGUET en 1938.
La production
est donc réduite au 100cc 2-temps, 250cc et 350cc 4-temps sur lesquels ils ont
rajouté une fourche télescopique.
Par ce fait le catalogue de la marque MONET & GOYON est jugé quelque
peu dépassé. La
marque n'a plus le choix, il lui faut renouveler sa gamme. C'est à l'ingénieur
Marcel MOREL (remplaçant de Raymond GUIGUET) qu'incombe cette tache au bureau
d'études. Il propose un cyclomoteur de 49cc de sa conception mais qui est
refusé. C'est le MOTOROX de 34cc dessiné en 1942/43 par REMONDINI qui est
préféré, mais il va s'avérer par la suite un échec complet car il est à la fois
fragile et poussif (des moteurs seront remplacés plusieurs fois). Cet échec
va creuser un énorme trou dans les finances de l'entreprise Monet & Goyon,
qu'Adrien GOYON devra combler de ces propres fonds. Pendant ce temps là Marcel
MOREL s'en va donc chez MOTOBECANE pour y proposer son 49cc qui fera largement
ses preuves par la suite !! Le
groupe minier HUTA-BANKOWA (représenté par M. MATHERON) succède à la présidence
de MONET / KOEHLER. En 1950, la situation financière de l'entreprise se
redresse brièvement grâce à l'arrivée du moteur 2-temps Villiers de 125cc et de
sa gamme S6 étendue (S6V : 1949 à 1953 - S6VU / S6VL : 1952 à
1953 - S4CC : 1952 à 1959 - S6VG : 1953 - S6VS : 1954 à 1959 -
S6V4 : 1956 - S6V40 : 1957 à 1959 - S6VR : 1959 ). L'année
1953 apporte ses joies et ses douleurs; Adrien GOYON (dernier fondateur de la marque MONET & GOYON)
s'éteint pendant le mois de janvier à 93 ans.
Par ailleurs, le moteur VILLIERS 98cc S2G (2 vitessses) monté dans des parties cycles de différentes marques à peu
près identiques (MONET / KOEHLER, TERRROT, MAGNAT-DEBON, PEUGEOT, GRIFFON,
AUTOMOTO, GNOME & RHONE) permet à l'entreprise MONET & GOYON de se
maintenir. Ce gros succès (moteur produit à plusieurs dizaines de milliers
d'unités) donne un peu de répit à la firme et permet au bureau d'études de travailler
sur le nouveau moteur 125cc "11D" (différent du 125cc "10D"
par son inclinaison vers l'avant du cylindre).
EPILOGUE :
A sa mort en 1953, Adrien GOYON a 93 ans et il est pratiquement ruiné.
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